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Le bâton de parole

Ecrit par Eve Laville-Noël le 1 juin 2017. Publié dans blog, Thérapie de couple

Le bâton de parole est un outil qui vise à ce que chacun se sente compris. Parce que quand on se sent compris on se sent soulagé et apaisé. C’est donc un outil particulièrement utile en cas de relation difficile car il facilite la résolution des conflits en développant la bonne volonté. Pour bien se comprendre, il faut bien s’écouter. Et pour bien écouter, il faut n’avoir que cet objectif à l’esprit : comprendre l’autre de son mieux. Dans les conversations courantes, c’est extrêmement rare. Au contraire on cherche souvent à convaincre l’autre. (Vous avez remarqué que dans « convaincre » il y a « vaincre » ?) Donc pendant que l’un parle, l’autre prépare sa réponse, ses arguments. Et ainsi on arrive facilement à des malentendus. Ces malentendus peuvent causer des blessures. Le fait de se sentir blessé peut amener à réagir par la colère et donc à blesser l’autre. C’est ainsi qu’on entre dans une spirale de violence. La technique du bâton de parole vise à limiter les risques de malentendus en créant de bonnes conditions pour que l’un s’exprime et que l’autre l’écoute.

Prenons l’exemple de deux personnes, que nous appellerons Marie et Pierre.

Pour que Marie se sente comprise par Pierre, il faut

1) que Pierre la comprenne réellement, donc qu’il l’écoute vraiment,

2) que Pierre lui montre qu’il l’a comprise.

C’est pourquoi l’exercice du bâton de parole se déroule en deux temps :

1) Marie s’exprime et Pierre l’écoute de son mieux,

2) Pierre restitue à Marie ce qu’il a compris de ce qu’elle a dit.

Le bâton de parole sert à matérialiser ces deux temps : pendant qu’elle parle, Marie tient le bâton de parole. Lorsqu’elle a fini de parler, elle tend une extrémité du bâton de parole à Pierre, tout en le gardant en main. Pierre saisit l’extrémité du bâton de parole, et tous deux tiennent chacun un bout du bâton tout le temps que Pierre restitue à Marie ce qu’il a compris de ce qu’elle lui a dit. Si Marie n’est pas entièrement satisfaite de la restitution de Pierre, elle récupère le bâton de parole et tous deux répètent les deux étapes.

Cette pratique n’est pas exempte de risques : sous l’effet des émotions, celui ou celle qui écoute peut oublier les règles du jeu et se laisser aller à répondre. C’est pourquoi je recommande de s’entraîner sans attendre de se trouver dans une situation de crise, de même qu’il vaut mieux ne pas attendre de tomber à l’eau pour apprendre à nager. Et de même qu’en équitation on commence par franchir de petits obstacles avant de s’attaquer à des plus gros, je recommande de commencer par des sujets à faible risque de conflit.

Voici un programme d’entraînement que je propose en couple :

  • Se réserver un temps pour cela chaque jour. Suffisamment long pour pouvoir avoir le temps de se comprendre, pas trop long pour ne pas risquer de s’épuiser. Une demi-heure me semble un bon équilibre pour commencer. La régularité est importante. Surtout ne pas renoncer à l’exercice de peur de soulever des sujets conflictuels : ce serait acheter une pseudo-paix à très court terme en la payant très cher à long terme, car ce qui n’a pas été dit continue d’empoisonner la relation, jour après jour.
  • Chaque jour, l’un des partenaires va s’exprimer de son mieux, et l’autre l’écouter de son mieux. Et l’on n’inverse pas les rôles avant le lendemain : cela diminue les risques de se répondre. (La nuit porte conseil et favorise l’apaisement. Et rappelez-vous que lorsqu’on est occupé à se répondre, on ne met pas toute son énergie à comprendre l’autre et à lui montrer qu’on l’a compris.) Et surtout, on ne se répond pas non plus hors du cadre du bâton de parole.
  • Tirer à pile ou face qui va s’exprimer : ça permet d’éviter tout enjeu de pouvoir et tout préjugé. Avec cette méthode, il se peut que l’un des partenaires s’exprime plusieurs jours de suite : c’est ainsi, c’est la règle du jeu.

De quoi parler ? Tout d’abord, il n’est pas nécessaire de parler pendant tout le temps réservé, les temps de silence font aussi partie du jeu. Mais surtout, il ne faut pas arrêter l’exercice avant l’expiration du délai convenu au départ sous prétexte que l’on n’a rien de plus à dire, que c’est terminé. Il est important de se laisser du temps pour prendre conscience de ce qui se passe en soi. Dans cet exercice, on ne sait pas ce qu’on va dire au départ, on le découvre au fur et à mesure. Avant de prendre la parole, il est important de se mettre à sa propre écoute, et de continuer à s’écouter pendant qu’on parle. S’écouter, ça veut dire prendre conscience de ce qui se passe en soi : sensations physiques, émotions, pensées, ton de la voix… Il ne s’agit pas de raconter une histoire passée mais d’exprimer ce qui se passe en soi instant par instant. Donc commencer par un temps de silence pour se mettre à l’écoute de ses sensations, émotions et pensées avant de prendre la parole. Un temps de silence ensemble avant de tirer à pile ou face celui ou celle qui va s’exprimer, puis un temps de silence après le tirage pour prendre conscience de ce qui change en chacun : qu’est-ce que ça me fait de savoir que c’est à moi de parler ce soir ? Qu’est-ce que ça me fait de savoir que c’est à moi d’écouter ce soir ? Puis celui ou celle que le sort a désigné(e) pour s’exprimer dit ce qui s’est présenté pendant ce temps de silence, tout en étant attentif(ve) à ce qui change au fur et à mesure qu’il ou elle parle.

Par exemple : (Là j’ai inversé les rôles : maintenant c’est Pierre qui s’exprime et Marie qui l’écoute.)

Pierre : « Pendant le temps de silence avant que nous tirions à pile ou face, je me suis senti agité. J’avais envie de prendre la parole et plein de pensées se présentaient à mon esprit, ça partait dans tous les sens. Ma respiration était rétrécie et mon cœur battait vite. Puis je me suis appliqué à respirer calmement avec le ventre, comme j’ai appris à le faire au yoga. Maintenant, en te regardant m’écouter, je suis ému, j’ai les larmes aux yeux en voyant l’attention que tu m’accordes. En même temps je suis intimidé, et je sens mes yeux qui fuient ton regard. [pause] Je sens mon corps qui se relâche, qui s’étale dans le fauteuil. [soupir] J’ai l’impression que toutes ces pensées qui s’agitaient dans ma tête n’ont plus autant d’importance. Elles passent à l’arrière-plan. Je les oublie. Je me sens juste touché par ton regard posé sur moi. C’est chaud, c’est doux. [etc] »

Marie : « Pendant le temps de silence avant que nous tirions à pile ou face, tu t’es senti agité. Tu avais envie de prendre la parole et plein de pensées se bousculaient dans ton esprit. Puis tu as réussi à te calmer par des exercices de respiration. Tu t’es senti intimidé face à moi, puis tu as pu te détendre et apprécier mon regard, tu y as senti de la chaleur et de la douceur. [etc] »

Remarquez que dans cet exemple Pierre se concentre sur ce qui se passe pour lui ici et maintenant, il fait cet exercice de bâton de parole comme une méditation, et l’écoute de Marie est aussi une forme de méditation. C’est en parlant de ce qui est présent ici et maintenant que l’on peut le mieux se sentir compris. Cela ne vous empêche pas de parler de choses passées ou futures, mais il est important de prendre conscience de ce qui se passe en vous quand vous vous remémorez ces souvenirs ou rêvez à ces projets, et de partager ces sentiments avec votre partenaire.

Mots-clefs : bâton de parole, communication, écoute

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Eve Laville-Noël



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